Allongée sur ma natte, mes pensées s’envolent une fois de plus vers mes parents. À quoi ressemblerait ma vie s’ils étaient encore là ? Quelques larmes s’échappent de mes yeux.
– « Shadé ! Shadé ! » j’entends à l’autre bout du couloir.
– Oui tanti, dis-je en essuyant mes larmes,
– Petite paresseuse, tu attends quoi pour allumer le feu et mettre l’eau du waké au feu
Je me lève immédiatement, me débarbouille, mets un cure-dents dans ma bouche, et commence mes travaux.
On m’appelle Shadé. J’ai 16 ans, je suis orpheline de père et de mère. J’ai une grande sœur, Folakè, âgée de 20 ans. Nous avons perdu notre mère à ma naissance et notre père six mois après. Je n’ai jamais connu le bonheur parental. Après la mort de mes parents, un oncle paternel a pris ma grande sœur avec lui, et je suis restée avec ma tante maternelle, la petite sœur de maman. Toute ma famille paternelle me considère comme une malédiction, car depuis ma grossesse, j’ai toujours été une source de problèmes : ma mère n’a pas connu un accouchement facile, puis elle est décédée, et quelques mois plus tard, mon père l’a rejoint. Je vis à Wansirou (Parakou) avec ma tante Aicha, l’une des meilleures vendeuses de waké de la ville, ses cinq enfants et son mari, Tonton Mohamed.
Tous ses enfants sont scolarisés, mais moi non, je passe mes journées à vendre avec ma tante, à cuisiner ou à trier du haricot. Mes journées sont les mêmes et se ressemblent toutes. Elles commencent à 4h du matin, car je dois préparer le repas à vendre, nettoyer la maison et le petit hangar…
Il est déjà 7h, il faut que je chauffe les sauces, la friture, et que je commence à les installer. Les premiers clients arrivent.
– je veux waké 100 franc 3 avec 1 soja chacun
– je veux waké avec voandzou 100f une viande
Et ainsi de suite.
À 10h, je me lève pour mettre la deuxième marmite au feu, elle finit à 13h. Il est maintenant temps de nettoyer, d’aller au marché pour le réapprovisionnement du lendemain, de préparer le lendemain, et de finir avec le repas du soir avant de me reposer.
Le lendemain, c’était la même routine, sauf qu’à 15h, ma sœur aînée passe et me demande de l’accompagner faire un tour.
Folakè : Shadé, tu sais, je vois ta souffrance, je sais ce que tu endures, mais laisse-moi te dire que tu n’es pas seule, je suis et je serai toujours avec toi,
Moi : snif,
Folakè : Maintenant que j’ai soutenu ma licence professionnelle, attends que je trouve un travail, que je puisse louer, que je quitte chez tonton Anatole et que je vienne te chercher, Donne-moi juste quelques mois.
Moi, avec espoir aux yeux : Quelques mois ?
Elle : Oui, au plus six mois.
Moi : D’accord. De toute façon, tu es mon seul et unique espoir.
Avant de partir, elle me donne un billet de 2000 FCFA que je cache immédiatement.
La suite ☺️
Ce soir 😌😌😉