*****Shadé*****
Cela fait quelques jours que ma grande sœur est venue me chercher. Nous vivons à présent ensemble. Tante Aicha ne voulait pas me laisser partir, mais ils ne lui ont pas laissé le choix. J’ai reçu des menaces, des injures et des coups de bâton de sa part, ce qui m’a encore plus motivée à vouloir partir. Une nuit en plein sommeil, elle m’a réveillée avec de l’eau froide au visage et quelques coups de sokpaka. Heureusement que Tonton Mohamed, son mari, ne dormait pas profondément ; il est venu à ma rescousse. Elle me tapait parfois sans raison, pour un oui ou un non. Je comptais les jours que j’allais encore passer chez elle, et par chance, j’ai une fois été chanceuse. Ma grande sœur a pu me délivrer. Je suis libérée à présent. La joie qui m’anime là est plus qu’immense. Bien que ma grande sœur me donne une certaine liberté, je reste toujours réservée. La chambre est simple, on a que le nécessaire : des tabourets, un matelas, quelques ustensiles de cuisine, une télé. Je peux enfin regarder la télévision sans me soucier de quoi que ce soit, rire.
Folakè vient de rentrer du boulot et elle veut qu’on ait une petite discussion. Comme d’habitude, avant son arrivée, je fais à manger, je nettoie la chambre, et je l’attends patiemment devant la télé. Elle me dit de l’attendre pour la cuisine pour qu’elle me donne des coups de main, mais ce n’est rien pour moi ça. Ça n’atteint même pas le dixième de ce que je faisais chez notre tante, donc je ne vois même pas ce que je fais vraiment. Elle prend rapidement sa douche et vient s’installer en face de moi.
Folakè : « Qu’aimerais-tu apprendre, Shadé ? Que veux-tu faire réellement ? À quoi aspiras-tu ? »
Moi : « Je ne sais pas hein, dada. Peu importe ce que tu me trouves, je vais faire. En plus, comme je ne suis pas allée à l’école, ça sera compliqué pour moi. »
Folakè : « Non, ce n’est pas une affaire de peu importe ou de si tu es instruite ou pas. De nos jours, les femmes se font de plus en plus former, et tu n’as pas besoin d’exceller à l’école pour être une grande femme. Tu peux être coiffeuse, couturière, commerçante et bien gagner ta vie qu’une diplômée. Ça dépend de ta passion, de ton amour pour ton métier, de ta détermination et de ta persévérance. Tu peux faire des formations comme la haute couture, la coiffure, la restauration, les cosmétiques, et pourquoi pas ouvrir un spa… sans diplôme universitaire et bien gagner ta vie. Réfléchis-y à tête reposée et reviens-moi. »
Moi : « D’accord, dada. »
Folakè : « Et pour ce qui est des notions de bases à l’école, c’est très important. Tu dois savoir lire et écrire, ça te sera plus que bénéfique. Mais ne t’inquiète pas, on trouvera une solution. Tu ne vas pas reprendre l’école de zéro, compris ? »
Moi : « Oui, dada. »
Nous avons discuté sur d’autres sujets. Ses paroles m’ont beaucoup soulagé. J’ai suivi la télé jusqu’à 01h du matin, ce que je ne pouvais pas me permettre chez la tante. Eh, la vie est belle !
Good 👍